Le chauve et la mouche

Livre 4, Fable 31LE CHAUVE ET LA MOUCHE
Liber IV, Fabula XXXICALVUS ET MUSCA
Une Mouche piqua la tête d'un Homme chauve ; celui-ci, cherchant à l'écraser, se donna une forte tape. « Tu voulais te venger d'une légère piqûre par la mort d'un petit être ailé, lui dit la Mouche en se moquant ; comment te puniras-tu du mal et de l'affront que tu t'es faits ? » L'Homme répondit : « Je ferai promptement la paix avec moi-même, parce que je sais que je n'avais pas l'intention de m'offenser. Quant à toi, vil et méchant animal, qui te plais à sucer le sang humain, 10 je voudrais te tuer, dût-il m'en coûter plus encore. » Calvi momordit musca nudatum caput ; quam opprimere captans alapam sibi duxit [p.72] gravem. Tunc illa inridens : « Punctum volucris parvulae voluisti morte ulcisci ; quid facies tibi, injuriae qui addiderisquia dederis contumeliam ? » Respondit : « Mecum facile redeo in gratiam, quia non fuisse mentem laedendi scio. Sed te contempticontemsi generis animal improbum, quae delectaris bibere humanum sanguinem, 10 optem necare vel majore incommodo. »
11 Cet exemple nous apprend qu'il faut pardonner une faute involontaire ; 12 mais celui qui cherche sciemment à nuire, 13 je le juge digne de tout châtiment. 11 Hoc argumento veniam dari docet 12 qui casu peccat quam qui consilio est nocens, 13 illum esse quamvis dignum poena judico.

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